L’inévitable montée de la volatilité des taux d’intérêt pèse sur les prévisions à court terme du marché du crédit.
Janvier marque le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, une perspective qui avait déjà commencé à agiter les marchés obligataires. Bien qu’il promette un «âge d’or», la réalité pour les investisseurs est plus nuancée. Ces derniers doivent désormais composer avec un environnement de taux d’intérêt et d’inflation durablement plus élevés, résultant en partie des turbulences économiques liées à la pandémie. Les hausses tarifaires, les réductions fiscales massives et les politiques migratoires plus strictes annoncées par Donald Trump, si elles sont mises en œuvre, pourraient exacerber les pressions inflationnistes, augmentant ainsi la probabilité, pour 2025, d’une seule baisse de taux par la Réserve fédérale (Fed) – voire aucune – au lieu des deux initialement envisagées.
Obligations: un équilibre loin d’être acquis
Du fait des anticipations inflationnistes, le rendement des bons du Trésor US à 2 ans s’est tendu à 4,19%, tandis que celui à 10 ans culmine à 4,53%. Les plans de relance aux Etats-Unis, plus inquiétants pour les investisseurs «investment-grade» (IG), pourraient propulser les taux à 10 ans au-delà de 5% outre-Atlantique, et de 2,75% en Allemagne, amplifiant ainsi les risques à court terme.
La volatilité attendue sur les taux continue de peser sur l’attractivité de la dette IG, les spreads actuels ne suffisant plus à compenser la fluctuation des taux, d’où un équilibre rendement/risque précaire. Une poussée inflationniste, sur fond de conjoncture robuste, limiterait les gains potentiels, alors que la compression des spreads de crédit ne fournit plus de protection adéquate contre les variations des rendements qui affichent des niveaux records.
Dans ce contexte, les investisseurs obligataires devront privilégier l’optimisation des coupons tout en surveillant l’évolution des taux.
Avec un environnement marqué par un renchérissement persistant, les hedge funds présentent un meilleur équilibre rendement/risque en comparaison du crédit. Les stratégies alternatives, telles que la «valeur relative» ou l’arbitrage, pourraient constituer des refuges judicieux en attendant une normalisation progressive des taux d’ici à fin 2025. Celle-ci pourrait se traduire par une baisse des taux courts, accompagnée d’une montée des taux longs.
En revanche, les rendements des segments IG et «high yield» (HY) atteignent des sommets inégalés depuis deux décennies. Ceci incite, dans une perspective à plus long terme, à privilégier les obligations de duration courte sur le marché HY.
Un solide «momentum» pour les bénéfices des sociétés américaines
Les actions américaines ont commencé le mois de janvier sur une note optimiste, portées par les attentes des politiques pro-entreprises de l’administration Trump, notamment les réformes fiscales et réglementaires. Ces initiatives pourraient stimuler la croissance économique autour d’une tendance à 2,5%-2,9% ces prochaines années.
Pour l’heure, les pressions inflationnistes semblent avoir peu d’impact sur les marchés actions, en témoigne la progression de 3,23% de l’indice S&P 500. Si les taux américains à 10 ans devaient se hisser au-delà de 5%, cela pourrait compromettre cette dynamique ascendante. Cependant, un stress sur les taux ne provoquerait aucune correction majeure en raison des solides fondamentaux des sociétés, qu’elles soient technologiques ou non.
Un second risque réside dans l’évolution des bénéfices, dont la projection aux Etats-Unis est passée de 10 à 15% en 2025. Une hypothétique réduction des dépenses en infrastructures d’intelligence artificielle du côté des grandes capitalisations américaines, du fait d’une faible visibilité sur leur monétisation, pourrait peser sur la rentabilité du secteur technologique et, par effet domino, affecter le marché global. Ce scénario paraît toutefois peu probable en 2025, et la confiance dans la région devrait être maintenue.
Tandis que s’ouvre la saison des bénéfices, les premiers résultats confirment une tendance encourageante: les données restent optimistes quant à la santé de l’économie américaine. Les marges devraient progresser cette année dans la quasi-totalité des secteurs.
Dans cet environnement, les moyennes capitalisations américaines se traitent à des niveaux plus intéressants que le S&P 500, tout en offrant une meilleure qualité que les plus petites capitalisations du Russell 2000. La croissance des bénéfices du S&P 400 devrait atteindre 16% cette année, dépassant légèrement celle du S&P 500.
Quelle implication en termes d’allocation d’actifs?
La hausse des rendements obligataires alimentée par le risque d’inflation représente un défi pour les portefeuilles, car elle pourrait exercer des pressions à la fois sur le crédit et sur les actions. De plus, les mesures adoptées pourraient intensifier la volatilité des indices boursiers. Toutefois, tant que l’économie américaine poursuit sa dynamique de croissance et que les bénéfices restent alignés avec les attentes, les éventuels chocs de marché devraient être transitoires et modérés. Ceci offrirait ainsi l’opportunité de rééquilibrer les portefeuilles de manière stratégique.
Toutes prévisions ou prédictions, fournies le cas échéant, sont uniquement indicatives et ne sauraient être garanties d’une quelconque manière.