Agefi Actifs (23.07.2021) - L’amélioration significative de la gouvernance des entreprises au Japon – marquée notamment par la place plus importante accordée aux femmes dans les instances dirigeantes – peut constituer un catalyseur de longue durée venant renforcer le dynamisme du marché japonais.
Les actions japonaises sont recherchées par les investisseurs. En 2020 et depuis le début de l’année, elles ont enregistré une surperformance par rapport aux principaux indices des marchés émergents. Dans un contexte de redémarrage de l’économie mondiale, l’attrait des investisseurs pour le marché japonais confirme ainsi une tendance déjà observée historiquement. Dans les phases de reprise, les actions japonaises offrent un bêta traditionnellement plus élevé et présentent de réelles opportunités pour les investisseurs en quête d’alpha.
Au-delà de ces facteurs cycliques conjoncturels, d’autres paramètres structurels peuvent néanmoins soutenir la performance des valeurs japonaises à plus long terme. Parmi eux, l’amélioration de la gouvernance des entreprises fait figure de facteur clé, et les sociétés japonaises commencent à récolter les fruits des réformes engagées en 2014 et 2015 sous l’ère Shinzo Abe. Avec l’instauration, en 2014, du Stewardship Code, un code de bonne conduite destiné aux entreprises soucieuses d’améliorer leur gouvernance, et, l’année suivante, d’un code de Corporate Governance, des progrès notables ont été réalisés dans ce domaine, où le Japon accusait un retard préjudiciable.
Les révisions, tous les trois ans, du Stewardship Code (2014, 2017 et 2020) et du code de Corporate Governance (2015, 2018, 2021) ont contribué à cette amélioration lente mais régulière des pratiques de bonne gouvernance.
La prochaine étape sera la révision, au cours de l’été 2022, du fonctionnement du Tokyo Stock Exchange et des futures exigences à remplir par les entreprises cotées.
De nouveaux critères d’admission seront ainsi demandés aux grandes capitalisations cotées sur le nouveau compartiment «prime» de cette place.
Des femmes plus jeunes accèdent désormais aux postes de Direction
En 2018, la révision du code de Corporate Governance avait mis l’accent sur la nécessité de diversifier davantage les conseils d’administration et, en particulier, d’y admettre plus de femmes. Cette recommandation a permis d’amplifier le débat autour de la place des femmes et de la diversité au sein de la société japonaise. Alors qu’en comparaison internationale, la proportion de femmes dirigeantes reste faible dans le pays, des améliorations significatives ont été constatées. Ainsi, la part des femmes occupant des fonctions d’administratrice ou de commissaire aux comptes, ou encore des postes de Direction opérationnelle a triplé depuis l’adoption du code de Corporate Governance. Cette augmentation du nombre de femmes aux fonctions clés des entreprises n’est pas un fait anodin. Elle a permis à des femmes relativement jeunes (entre 40 et 60 ans) d’accéder à des postes de Direction. Il ne s’agit donc plus seulement de promotions honorifiques accordées à des femmes en fin de carrière, après 60 ans.
Ces réformes de gouvernance ont permis aux femmes japonaises de profiter d’opportunités plus nombreuses grâce à la vigueur du marché du travail.
Ainsi, ces deux éléments conjugués (conjoncture porteuse et réformes) sont à l’origine de la forte hausse de la participation des femmes au monde du travail au cours des dernières années. A l’instar des femmes de toutes les générations, les hommes âgés de plus de 65 ans ont pu également profiter d’offres d’emploi plus nombreuses. Une «chasse aux talents» inédite a ouvert de nouveaux horizons et les femmes en ont été largement bénéficiaires. Cette visibilité accrue de femmes japonaises jeunes et influentes explique en partie le succès de la campagne visant l’ancien Premier ministre Yoshirō Mori. Le 12 février dernier, celui-ci a été contraint de démissionner de la présidence du Comité olympique après des propos controversés tenus à l’égard des femmes. Une affaire qui illustre les profonds changements désormais à l’œuvre au sein de la société japonaise.
Cedric Le Berre
Senior Analyst
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