La meilleure nouvelle de 2024 pourrait être la confirmation de la désinflation mondiale.
« Les prix des services sont encore résistants, mais les biens enregistrent des baisses significatives », constate Patrice Gautry à l'UBP. La cible des 2% d'inflation que les banquiers centraux ont chèrement défendu semble à portée d'étiquette. « Aux Etats-Unis, le rythme de la hausse des prix devrait revenir à 2,3% fin 2024 et à 2,5% pour l'indice “cœur” (hors alimentation et énergie) », estime-t-il. Les niveaux devraient être quasi-similaires dans la zone euro, où l'inflation pourrait même ponctuellement tomber « autour de 1,8% en rythme annuel en milieu d'année », en raison d'effets de base.
« Petite musique ». De cette donnée essentielle découle tout le reste : la sagesse retrouvée des prix détendra les politiques monétaires, ce qui permettra d'éviter la récession. « L'économie mondiale va ralentir sur la base de niveaux de croissance déjà modérés, mais elle ne cassera pas », pronostique l'économiste de l'UBP. Les émergents s'en sortiront nettement mieux que les pays de l'OCDE : en moyenne 4 % de hausse attendue du PIB chez les premiers, seulement 1,2 % pour les seconds, la moyenne recouvrant évidemment des écarts. Par exemple, « l'activité rebondira sans doute en cours d'année aux Etats-Unis, qui devraient s'approcher de leur potentiel de croissance de 2 % fin 2024. Ce sera plus compliqué dans la zone euro, où l'on attend toujours les nouveaux moteurs de la croissance allemande », complète Patrice Gautry, pour qui l'Europe sera « l'élément triste » de la géographie de 2024.
Certes, les politiques budgétaires devraient rester un soutien. Chaque pays se justifie en disant qu'il dépense mieux et plus intelligemment pour le futur et la transition énergétique. Quant aux Etats-Unis, ils entrent en année électorale. Poursuit l'expert d'UBP. Le fait est que les déficits budgétaires vont se creuser et que la petite musique de la dette va s'amplifier, avec une hausse des ratios d'endettement sur PIB. » Cela n'empêchera pas une salve de baisse des taux directeurs, au moins 100 points de base à Washington, sans doute 75 points à Francfort, mais pas avant le second semestre. Les banques centrales ne peuvent pas faire repartir le cycle avant d'être assurées que les tensions sur le marché du travail américain et sur les coûts salariaux unitaires en Europe sont bien calmées, estime-t-il.
Les experts de l'UBP tablent sur une hausse de 7 % des profits des entreprises en 2024, une bonne nouvelle pour la Bourse. Dans les portefeuilles de la banque— qui privilégie Wall Street —, la technologie reste importante (logiciels, software, cloud), de même que les secteurs de croissance structurelle (électrification de l'économie, santé…). « On a envie d'accroître la part des actions dans nos portefeuilles, mais pour cela il nous faut un bon motif. Par exemple un accident de marché, mais sans changement de scenario macroéconomique », précise Patrice Gautry. Chez UBP, le portefeuille « équilibré » comporte actuellement 50 % d'actions et d'obligations.