Malgré des performances boursières supérieures à celles des pays développés depuis le début du siècle, la volatilité y est en revanche plus élevée. Contrairement aux marchés américains, les actions chinoises traitent sur des niveaux inférieurs à ceux de 2007 ou 2015, laissant aujourd’hui nombre d’investisseurs dans le rouge. La guerre commerciale lancée par Donald Trump en 2018 n’a fait qu’ajouter aux craintes existantes. Avec l’augmentation des tarifs douaniers sur USD 250 milliards de marchandises, l’économie a ralenti ces derniers trimestres et le gouvernement a dû répondre avec des initiatives fortes pour stimuler l’activité. Ces mesures fiscales et monétaires commencent déjà à porter leurs fruits et incitent à rester optimistes sur les bourses chinoises, qui deviennent trop importantes pour être ignorées.
Selon différentes sources, la Chine devrait, dès 2030, retrouver son rang de première économie mondiale, qu’elle avait perdu au début du XIXe siècle face aux pays européens en pleine révolution industrielle. Après avoir subi une période de rattrapage économique dès 1980 à la suite de l’ère communiste instaurée en 1949 par Mao Zedong, le pays a vu la mise en place de réformes clés en matière d’éducation, d’économie et d’industrie, ce qui lui a permis de devenir une «économie socialiste de marché» de plus en plus compétitive et ambitieuse. Selon le FMI, le PIB chinois par habitant est de l’ordre d’USD 16’000 (2017), bien loin de celui des Etats-Unis, qui culmine à USD 59’000, laissant une marge de rattrapage importante. A la suite des sanctions américaines, la réaction des autorités chinoises a été pragmatique et novatrice pour ce pays habitué aux vastes plans d’infrastructures. Sur le plan monétaire, la banque centrale (PBoC) a réduit les réserves obligatoires pour les banques, libérant ainsi plus d’USD 100 milliards dans le système bancaire pour favoriser l’investissement. Par ailleurs, le gouvernement a abaissé les taux d’imposition pour les particuliers et les entreprises de taille moyenne, libérant encore USD 200 milliards pour stimuler la consommation. Ces mesures représentent un niveau d’injection de capitaux inégalé depuis plus de dix ans.
Le rebond de l’activité commence à être visible du côté des indices de confiance ou des niveaux de prêts accordés par les banques. Il paraît donc préférable de diriger ses investissements vers les marchés actions plutôt que vers les marchés obligataires, d’autant que les niveaux de valorisation restent attrayants. Le récent regain de tensions commerciales attisé par Donald Trump a fait chuter les actions locales, ce qui a créé de solides opportunités pour acheter des titres domestiques alors que la trajectoire économique de long terme du pays demeure intacte. Même si le président américain fait preuve d’un insatiable appétit pour le risque, la Chine a encore plus d’un tour dans son sac en matière de mesures monétaires et fiscales. Les investisseurs en quête de croissance des bénéfices ont tout intérêt à s’orienter vers la Chine, qui offre de meilleures perspectives pour des ratios de valorisation inférieurs à ceux des marchés développés. Le CSI300, indice de référence, traite sur des multiples de 11,7 fois les estimations de bénéfices, un niveau inférieur aux marchés européens ou américains. Malgré cela, ces estimations sont supérieures en Chine (+13% sur les 12 prochains mois) en comparaison notamment des Etats-Unis (+5%) ou de l’Europe (+5%). A ces niveaux, l’indice traite sur une légère décote par rapport à sa moyenne historique à 10 ans alors que sont anticipées des révisions de bénéfices à la hausse et une accélération des résultats. Il semble donc intéressant d’avoir une exposition forte aux actions chinoises, en particulier sur les secteurs de la consommation ou les sociétés d’internet, qui seront les grands bénéficiaires des mesures annoncées. Les titres des pays développés ayant une partie significative de leurs revenus en Chine sont aussi à privilégier, comme les sociétés de luxe ou le secteur des matières premières, qui devraient également profiter d’une accélération économique dans la région.
Nicolas Laroche
Global Head of Advisory Investments